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No14
   18-février-2009   

SECURITE : CE QUE NOUS VOULONS

L’action de Force Ouvrière :

Ces dernières années, les élus de Force Ouvrière ont alerté à plusieurs reprise l’employeur sur les risques sécurité. Nous l’avons fait dans la Délégation du personnel. Nous l’avons fait au CHSCT. Nous l’avons fait aussi selon les sites en écrivant dans le Cahier des dangers graves et imminents.

Les salariés ont droit de travailler en sécurité:

En signant un contrat de travail, le salarié vend sa force de travail et sa compétence en échange d’un salaire. L’employeur peut dès lors employer le salarié dans le métier qui est précisé dans ce contrat. Mais le Code du travail a institué un très large éventail de lois pour éviter que les employeurs ne portent atteinte par négligence à la santé ou à la vie des salariés dans l’accomplissement ce ces travaux. Et la mise en place des instances représentatives permet dans les moyennes et grandes entreprises d’avoir des salariés en qui les autres ont confiance pour accompagner l’Inspecteur du Travail, la Médecine du Travail, l’APAVE notamment.
Si vous avez prévenu votre supérieur hiérarchique d’un disfonctionnement d’une machine, si vous avez vraiment demandé une protection, les élus que vous avez choisis aux élections professionnelles sont là pour être votre porte-parole. Force Ouvrière appuiera toutes vos réclamations sécuritaires.

La sécurité, c’est quoi ?

… Des machines, des engins et des outils
Les principales occasions d’accident dans une usine ou une plateforme viennent des machines, des engins ou des outils que l’employeur met à notre disposition. Ils doivent respecter certaines normes, mais ensuite, il est de la responsabilité de l’employeur de les entretenir et de faire que les éléments de sécurité soient toujours opérationnels.
Un salarié a le pouvoir, nouveau dans la législation du travail, de ne pas se mettre en danger évident et d’exercer son droit de retrait.

… Des règles de fonctionnement
L’employeur a fait codifier dans les normes ISO et TCCQS les différentes façons de procéder ou d’opérer pour chaque travail répétitif dans l’établissement. Suivre ces procédures et ces modes opératoires est un bon moyen de travailler avec le moins de risque.
Et si les taches changent par rapport aux règles, vous devez alerter votre supérieur hiérarchique pour faire modifier les règles affichées sur les postes de travail.

… Le temps alloué aux différentes opérations
Des Directeurs, quand ils se font bousculer par le siège pour leurs rendements ou leur coût à la caisse, ont l’idée d’envoyer des chefs d’équipe chronométrer les temps mis par les opérateurs pour effectuer des taches précises (changements de format, fabrication d’une cuve de sirop, chargement d’un camion, etc.) De préférence, c’est l’opérateur le plus performant qui est choisi.
Sur les stades aussi, les sportifs sont chronométrés, mais on ne coupe pas la tête de ceux qui ont un temps de parcours qui dépassera la performance nationale. Les commentateurs sportifs admettent que l’insuffisance d’entraînement, le coache, les équipes ou simplement les différences de constitution physique ou d’agilité mentale peuvent expliquer qu’il y a des seconds et des troisièmes au podium.
Dans une usine ou une plateforme, le Directeur peut oublier que nous sommes des humains et qu’à défaut de couper des têtes, on peut recevoir des remarques blessantes (« tu es en retard ! ») ou ne pas être jugé méritant lors des évaluations de la performance individuelle.
Si vous avez reçu la visite d’un chronométreur, informez vos délégués du personnel pour qu’ils interpellent l’employeur sur la motivation ou la justification de ces pratiques.

… Un effectif suffisant
Quand les effectifs ne sont pas suffisants, on s’aperçoit dans les écoles que l’orthographe des élèves est en baisse ou dans les prisons que les détenus s’échappent. Dans une usine ou une plateforme aussi, quand des absents ne sont pas remplacés ou quand un employeur s’imagine qu’il peut diminuer mathématiquement les effectifs parce qu’une machine est censée être plus performante, il arrive que les rendements ne soient pas aussi élevés que promis par le fabriquant, que le stress devienne permanent ou que des accidents du travail apparaissent. Parfois aussi, le stress vient des empêchements de prise de congés parce qu’on a trop tiré sur la corde des effectifs.

… Des formations et des aménagements adaptés
Toutes les revues sérieuses sur la sécurité au travail observent et quantifient une diminution des accidents de travail avec la mise en place de mesures pédagogiques ou d’aménagements adaptés au travail de l’établissement (apprentissage du pliage du corps pour soulever des charges ou ramasser des objets, modifications permettant de travailler au maximum au niveau du milieu du corps, etc.)
Combien d’heures de formation sur la sécurité avez-vous eu en 2008 ?

… Des leçons retenues des accidents
Parfois, on a eu un Directeur qui a compris que l’accident qui est arrivé n’est peut-être pas dû au « comportement explique tout » trop souvent plaqué chez Coca-Cola, mais qu’il y avait une méthode de travail non sue par tous les opérateurs et intérimaires, une négligence de réparation vite faite pouvant occasionner des conséquences imprévues, des habitudes de travail laissées par la hiérarchie avec des sécurités HS inacceptables. Des arrêts d’usine ont pu être organisés, après le déroulé de l’arbre des causes, pour alerter les salariés du secteur, des formations aux gestes et postures ont pu être organisées après des constats de la répétition de certains types d’accidents, des outils plus sécuritaires ont pu être mis à disposition des opérateurs, après des statistiques sur la fréquence d’accidents en corrélation avec les anciens outils.

La plus mauvaise idée 2009 pour améliorer la sécurité

En Comité de Groupe, des responsables ont émis l’idée d’intégrer les résultats sécurité dans le booster. Le secrétaire du Comité de Groupe, parlant au nom de tous les représentants des salariés, a dit : « Non, non et non ! »
Pourquoi nous ne voulons pas que la sécurité soit intégrée au booster ? Les résultats sécurité coûtent cher à l’entreprise puisqu’elle est taxée en proportion de ces résultats. La direction européenne de Coca-Cola est indignée des mauvais résultats de la France dans la sécurité au travail. Indignée des conséquences financières sans doute plus que des conséquences pour les salariés puisque la seule idée qui émerge est de vouloir intégrer la sécurité dans le booster. Monnayer la sécurité ! Plus l’établissement va payer à l’état en taxe accident du travail, moins les salariés auront sur le booster intégrant la sécurité. Mettre une prime variable pour les Directeurs d’établissements en fonction de leurs résultats sécurité, pourquoi pas. Mais s’imaginer que moins les salariés gagneront à la fin du mois, moins ils auront d’accidents, là on ne voit pas le rapport. Cela signifierait que 100% des accidents de travail sont dus aux comportements fautifs des salariés. Qu’il ait une part de "comportement" dans un accident, c’est certain, mais tout le problème est : pourquoi le salarié a-t-il ce comportement ? Il est difficile de dire que c’est parce qu’il veut avoir un accident. Peut-être n’a-t-il pas conscience des conséquences, alors c’est qu’il n’a pas eu une formation suffisante ou que son supérieur hiérarchique ne disait rien quand il voyait le même comportement avant. On change alors de responsabilité. Peut-être aussi que la mesure de sécurité n’est pas adéquate et que l’employeur a ignoré les remarques qui ont été faites.
Si les supérieurs hiérarchiques osent nous faire des remarques sur la sécurité, comme on le remarque de plus en plus, on veut bien. D’une part parce que nous n’avons qu’à y gagner en santé et en sécurité, d’autre part parce que quand les retards de production s’accumulent, ils ne pourront plus montrer leur énervement en nous rendant responsables de tous leurs malheurs.

Quelques conclusions

Ou bien l’employeur est de bonne foi et cherche à obtenir des résultats en mettant les moyens pour rendre les machines moins dangereuses et les outils de travail adaptés. Ou bien il ne l’est pas, et pense que par l’épinglage systématique, une sécurité monétisée, il atteindra l’objectif politiquement correct, celui que lui fixe l’Europe.
Les entreprises qui ont parié sur la formation, ont vu une réelle amélioration des résultats. Nous pensons que chaque équipement présente ses risques spécifiques et qu’ils doivent être tous identifiés. Une formation devrait être ensuite dispensée de manière systématique.
Nous n’acceptons pas que le CHSCT ait pu été parfois oublié dans certains projets dits mineurs, l’employeur considérant que les modifications apportées ne pouvait justifier sa consultation.
Nous n’avancerons pas plus vite que les machines mais risquons sûrement davantage l’accident si les conditions de travail se dégradent ou que les équipements sont mal entretenus
Force Ouvrière préconise une sécurité participative (remontée et résolution des risques sécurité par les salariés avec les moyens nécessaires) et non une sécurité répressive avec les méthodes de la guerre de 14.
Vos élus ont un pouvoir pour maintenir la pression sur l’employeur afin qu'il assume ses responsabilités de sécurisation des installations et de sécurité des salariés. Votez pour ces élus en qui vous avez confiance.


   top.gif    Dépôt CCE Marseille: 18-février-2009   
   c.gif    Responsable de publication: Franck VARNIER